Comme son nom l’indique, la berce est originaire des montagnes du Caucase, entre la mer Noire et la mer Caspienne. Dans sa contrée d’origine, la berce n’est pas envahissante car elle est probablement contrôlée par ses ennemis naturels (insectes, champignons). La berce du Caucase est, pour le moment, peu répandue en Amérique du Nord : on la trouve dans le nord-est américain et le long de la côte du Pacifique. Au Canada, la première mention de la plante (en nature) remonte à 1949, en Ontario. Au Québec, elle est présente dans les jardins (Québec) depuis au moins 1982 et en nature (Stanstead) depuis au moins 1990.
La berce du Caucase est une plante spectaculaire, ce qui en fait un végétal souvent apprécié des horticulteurs amateurs qui sont parfois responsables de sa dissémination. Elle se reproduit exclusivement de manière sexuée et une seule fois dans sa vie, à moins que la tige ne soit coupée avant la production des graines, auquel cas le plant produira une nouvelle tige florale l’année suivante. Une tige peut produire, à maturité (à l’âge de 3 à 5 ans) de 10 000 à 20 000 graines. Les graines flottent et peuvent être disséminées par l’eau sur une distance pouvant atteindre 10 km. Un seul plant de berce du Caucase introduit sur le bord d’un cours d’eau peut être responsable d’une invasion massive (plusieurs centaines de milliers de plants sur une période de 6 ans).
La berce du Caucase est très toxique : on trouve, dans la sève, des furanocoumarines, un moyen de défense contre les herbivores que possèdent plusieurs espèces d’ombellifères. Il s’agit de molécules qui provoquent au toucher et avec exposition à la lumière des dermatites (brûlures) sévères et douloureuses qui se manifestent 24 à 48 h après le contact. L’inflammation peut durer de 3 à 5 jours et former des cicatrices qui subsisteront jusqu’à 6 années. Certains cas nécessitent une intervention médicale.
Les sites envahis par la berce du Caucase possèdent une richesse et une diversité végétale plus faibles que les sites comparables non envahis, car seules quelques espèces de plantes peuvent survivre sous le couvert très ombragé créé par la berce. Il est possible aussi que la berce favorise l’érosion des sols en milieu riverain, mais il n’existe pas d’étude en faisant la démonstration.
Il y aurait au Québec plus de 200 sites avec de la berce du Caucase, mais la situation évolue très rapidement et il est difficile de connaître le nombre exact. Sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, on a trouvé la berce du Caucase dans toutes les régions du Québec méridional à l’est de la ville de Gatineau et à l’ouest du fjord du Saguenay (La Malbaie). Sur la rive sud du fleuve, on a observé la berce du Caucase dans toutes les régions à l’ouest du village de Saint-Guy, dans le Bas-Saint-Laurent. Toutes les mentions de l’espèce à l’est de ces limites se sont avérées, sans exception et à ce jour (août 2014), des cas de berce laineuse, même celles pour lesquelles des cas de dermatite sévère avaient été rapportés. Il y a une grande concentration de sites avec berce du Caucase dans la région de Québec, mais il est possible que cette densité élevée soit le résultat de l’effort des municipalités à les répertorier.
Signalez sans tarder la situation à votre municipalité. Certaines villes au Québec ont des équipes formées pour intervenir (éradication). Signalez aussi la mention au réseau Sentinelle sur les espèces exotiques envahissantes du Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec qui se charge de maintenir un inventaire des mentions québécoises.
D’abord, ne paniquez pas ! Vous devez être en contact avec la sève pour développer une brûlure, et encore, elle n’est pas instantanée. Mais faites attention : de la sève peut se répandre sur les feuilles si elles sont broutées par un insecte, donc toucher une feuille peut être à l’origine d’une dermatite. Les tiges sèches n’ont pas de sève et sont sans danger. Si votre peau entre en contact avec la sève, le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec recommande d’éliminer la sève le plus rapidement possible en évitant de l’étendre. Pour enlever la sève, utilisez un papier absorbant sans frotter, puis lavez la région atteinte avec du savon. Rincez abondamment la région à l’eau et lavez-vous les mains. Changez de vêtements et lavez-les pour éviter de contaminer d’autres parties de votre corps ou des objets. Évitez d’exposer les zones atteintes de votre peau à la lumière (y compris la lumière non naturelle) en les couvrant (gants, pantalons longs, manches longues) pendant au moins 48 heures. Si vos yeux sont atteints, rincez-les abondamment à l’eau claire pendant 10 minutes, portez des lunettes de soleil foncées pour éviter l’exposition à la lumière, puis consultez un médecin le plus tôt possible.
Le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec recommande, si vous constatez une brûlure, d’éviter toute exposition au soleil pendant au moins une semaine, d’utiliser un écran solaire pendant six mois et de communiquer avec Info-Santé au 8-1-1 (au Québec) pour plus d’information sur le traitement des brûlures. Vous devriez consulter un médecin dans les cas où un enfant est atteint, les yeux sont atteints, la personne atteinte fait de la fièvre ou des lésions très importantes se développent.
Il est possible de se débarrasser de la berce du Caucase, mais c’est une opération de longue haleine (si des plants ont eu le temps de produire des graines) qui dure en général 5 ans. Lorsque les infestations sont petites, couper la racine à environ 15 cm sous la surface du sol est une méthode efficace. Les herbicides (glyphosate) sont efficaces, mais il faut bien les doser (ceux vendus dans le commerce sont en général trop dilués pour être utiles) et leur usage n’est pas permis en zone riveraine au Québec, où se trouvent d’ordinaire les berces. La fauche des tiges est une mesure inefficace, sauf pour empêcher la production de graines. Dans tous les cas, il importe de bien se protéger de la sève et de laver avec soin les outils utilisés. Il est préférable de suivre une formation avant d’entreprendre des opérations d’éradication d’envergure. QuéBERCE offre une telle formation (cliquez ici pour avoir accès à la page d’information).
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